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suppose qu on explique les ph�nom�nes sociaux � partir des actions et des croyances des
hommes et qu il est essentiel de retrouver les raisons et les motivations compr�hensibles qui
les inspirent. Cette m�thodologie s oppose � des tendances importantes de l histoire et de la
philosophie de l histoire de son temps, mais aussi � des tendances importantes des sciences
sociales contemporaines.
Je ne m�connais pas qu il y ait, � c�t� du savant qu est incontestablement
Tocqueville, un philosophe. La premi�re D�mocratie a depuis toujours �t� salu�e comme un
chef d Suvre de la philosophie politique. Une vue profonde de la condition humaine et de la
modernit� �mane de toutes les analyses de Tocqueville. Sa passion pour la libert� et sa crainte
de la tyrannie anonyme de l opinion, du � politiquement correct � et aussi de la double
tyrannie de la puissance publique et de ce qu il d�nomme � le pouvoir social � sont
imm�diatement perceptibles chez lui. Mais son Suvre va bien au-del� de ces g�n�ralit�s.
Dans son discours prononc� � la s�ance publique annuelle de l acad�mie des
sciences morales et politiques en date du 3 avril 1852, Tocqueville d�clare qu il n a aucun
doute sur le caract�re scientifique des sciences morales. Elles sont capables, dit-il, d �noncer
des lois aussi solides que les sciences de la nature : � le gouvernement ne peut pas plus faire
que le salaire s �l�ve quand la demande du travail diminue, qu on ne peut emp�cher l eau de
se r�pandre du c�t� o� penche le verre �. Certes, les hommes politiques ont des raisons
justifi�es de ne pas croire au caract�re scientifique des sciences morales et politiques,
explique-t-il. Car la politique est un art. En revanche, il est consternant que ceux qui ont pour
fonction d analyser les ph�nom�nes sociaux et politiques aient les m�mes doutes, comme tous
ces � faiseurs de th�ories sociales (& ) dangereux (& ) et ennuyeux � qui lui paraissent
prolif�rer de son temps et qui ne comprennent pas qu ils doivent proc�der selon les principes
de la m�thode scientifique.
Tocqueville esquisse ici des th�mes qui �voquent par avance presque litt�ralement
ceux que Max Weber d�veloppera dans une c�l�bre conf�rence sur la distinction entre les
r�les du savant et du politique.
Le sentiment de modernit� qu �voque l Suvre de Tocqueville s explique en fin de
compte pour une bonne part parce que sa m�thodologie lui a permis d identifier une multitude
de tendances lourdes dont nous observons, plus d un si�cle et demi apr�s lui, qu elles sont
toujours � l Suvre. J en ai �voqu� quelques unes. Il en a identifi� beaucoup d autres. [ Pobierz całość w formacie PDF ]
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suppose qu on explique les ph�nom�nes sociaux � partir des actions et des croyances des
hommes et qu il est essentiel de retrouver les raisons et les motivations compr�hensibles qui
les inspirent. Cette m�thodologie s oppose � des tendances importantes de l histoire et de la
philosophie de l histoire de son temps, mais aussi � des tendances importantes des sciences
sociales contemporaines.
Je ne m�connais pas qu il y ait, � c�t� du savant qu est incontestablement
Tocqueville, un philosophe. La premi�re D�mocratie a depuis toujours �t� salu�e comme un
chef d Suvre de la philosophie politique. Une vue profonde de la condition humaine et de la
modernit� �mane de toutes les analyses de Tocqueville. Sa passion pour la libert� et sa crainte
de la tyrannie anonyme de l opinion, du � politiquement correct � et aussi de la double
tyrannie de la puissance publique et de ce qu il d�nomme � le pouvoir social � sont
imm�diatement perceptibles chez lui. Mais son Suvre va bien au-del� de ces g�n�ralit�s.
Dans son discours prononc� � la s�ance publique annuelle de l acad�mie des
sciences morales et politiques en date du 3 avril 1852, Tocqueville d�clare qu il n a aucun
doute sur le caract�re scientifique des sciences morales. Elles sont capables, dit-il, d �noncer
des lois aussi solides que les sciences de la nature : � le gouvernement ne peut pas plus faire
que le salaire s �l�ve quand la demande du travail diminue, qu on ne peut emp�cher l eau de
se r�pandre du c�t� o� penche le verre �. Certes, les hommes politiques ont des raisons
justifi�es de ne pas croire au caract�re scientifique des sciences morales et politiques,
explique-t-il. Car la politique est un art. En revanche, il est consternant que ceux qui ont pour
fonction d analyser les ph�nom�nes sociaux et politiques aient les m�mes doutes, comme tous
ces � faiseurs de th�ories sociales (& ) dangereux (& ) et ennuyeux � qui lui paraissent
prolif�rer de son temps et qui ne comprennent pas qu ils doivent proc�der selon les principes
de la m�thode scientifique.
Tocqueville esquisse ici des th�mes qui �voquent par avance presque litt�ralement
ceux que Max Weber d�veloppera dans une c�l�bre conf�rence sur la distinction entre les
r�les du savant et du politique.
Le sentiment de modernit� qu �voque l Suvre de Tocqueville s explique en fin de
compte pour une bonne part parce que sa m�thodologie lui a permis d identifier une multitude
de tendances lourdes dont nous observons, plus d un si�cle et demi apr�s lui, qu elles sont
toujours � l Suvre. J en ai �voqu� quelques unes. Il en a identifi� beaucoup d autres. [ Pobierz całość w formacie PDF ]
